Chemin des Rescapés et Souvenir de 1906
Billy Montigny, Méricourt (62420)
10 Mars 1906, vers 6h45, un coup de poussier surgit dans les galléries de la Compagnie des Mines de Courrières, à hauteur de la Fosse 2 située à Billy-Montigny. Sur presque 110km de galeries, ce sont 1099 personnes, dont 1/3 d'enfants, qui seront tués lors de l'évènement. Cet évènement, c'est la Catastrophe de Courrières, la catastrophe minière la plus meurtrière d'Europe.
Un terrible bruit sourd et une secousse se font sentir en surface des puits de mines, des nuages de poussières sortent des fosses...
Quelques mineurs parviennent à remonter et à donner l’alerte. Les secours sont organisés rapidement. On remonte blessés et cadavres, certains sont méconnaissables...
Quarante-huit heures après la catastrophe, les sapeurs-pompiers de Paris arrivent sur les lieux, épaulés par les sauveteurs des compagnies de la Ruhr (solidarité remarquable dans un contexte politique franco-allemand très tendu) qui sont équipés d’appareils respiratoires d’une conception nouvelle. Le bilan est terrible : 1 099 victimes. Des familles entières sont décimées. On cite le cas d’une famille ayant perdu le père et cinq de ses enfants. Treize rescapés seront remontés le 30 mars, et un ultime survivant le 4 avril soit 25 jours après la catastrophe. Deux causes essentielles peuvent expliquer le désastre : le coup de grisou et le coup de poussière (appelé aussi coup de poussier). Le grisou est un gaz composé essentiellement de méthane. Il présente un énorme risque à cause de son caractère explosif au contact d’une étincelle (on a mis en cause l’utilisation des lampes à feu nu). Le coup de poussière correspond à l’inflammation violente de grandes quantités de poussière de charbon en suspension. Cette combustion très rapide se propage et engendre avec elle une surpression et une explosion. Cette catastrophe serait donc due à la combinaison de ces deux phénomènes.
Cette catastrophe fut suivie de nombreuses polémiques. On accusait la compagnie de Courrières d’avoir poursuivi l’exploitation de la mine alors qu’un incendie, découvert trois jours plus tôt, n’avait pas encore été complètement maîtrisé. La gestion de la crise fut également critiquée, notamment la décision de l’ingénieur en chef des mines, de stopper les recherches d’éventuels rescapés, trois jours seulement après l’explosion. Des manifestations et des grèves, éclatèrent. Ce mouvement social issu de la catastrophe déboucha aussi sur l’instauration du repos hebdomadaire.
Par ailleurs, la catastrophe a entraîné un vaste effort d’actions de prévention avec en particulier des sessions de formation. En 1907, le premier poste central de secours du bassin Nord-Pas-de-Calais est créé à Liévin. On y forme des équipes spécialisées de sauveteurs et on y étudie les risques dus au grisou et au poussier. Les lampes à feu nu sont bannies au profit des lampes dites de sûreté (lampes Davy).